2 : Les Écritures nous réconfortent
Romains 15, 4 : Or, tout ce qui a été écrit à l'avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance.
Spe Salvi
2. « Espérance » est un mot central de la foi biblique – au point que, dans certains passages, les mots « foi » et « espérance » semblent interchangeables.
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La Lettre aux Hébreux lie étroitement à la « plénitude de la foi » « l'indéfectible profession de l'espérance » / Hé 10, 22-23 : « Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. »
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La Première lettre de Pierre exhorte les chrétiens à être toujours prêts à rendre une réponse à propos du – le sens et la raison – de leur espérance. « espérance » est équivalent de « foi » / 1 P 3, 15-16 : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. »
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Paul rappelle aux Éphésiens qu'avant leur rencontre avec le Christ, ils étaient « sans espérance et sans Dieu dans le monde » / Ep 2, 11-12 : « Vous qui autrefois étiez païens,… souvenez-vous donc qu’en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu. »
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Il dit aux Thessaloniciens: vous ne devez pas être « abattus comme les autres, qui n'ont pas d'espérance » / 1 Th 4, 13-14 : « Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance.Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. »
Le christianisme n'était pas seulement une « bonne nouvelle » – la communication d'un contenu jusqu'à présent ignoré. Dans notre langage, nous dirions: le message chrétien n'était pas seulement « informatif », mais « performatif ». Cela signifie que l'Évangile n'est pas uniquement une communication d'éléments que l'on peut connaître, mais une communication qui produit des faits et qui change la vie. Celui qui a l'espérance vit différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée.
MOSAÏQUE
Dans l’évangile, Jésus parle souvent en paraboles. Elles sont des histoires qui décrivent le mystère de Dieu. Celle du "Figuier sec" manifeste un Dieu patient, qui espère en la perfectibilité de l’homme.
1° MOSAÏQUE – LE FIGUIER SEC
Rendez-vous près de l’autel de Marie, sur la droite, vers la première mosaïque. L'espérance de voir surgir des figues "peut-être dans un an" nous découvre un Dieu patient.
Vous pouvez lire le texte sur le pilier et écouter en cliquant ICI.
Bernard Sesboüé : L'espérance repose sur la promesse
Le don de Dieu aux hommes s'accomplit dans le temps : il respecte l'historicité de chacun, notre statut de « voyageur » (status viatoris), comme dit la tradition chrétienne, de même qu'il s'inscrit dans l'histoire de tous. Car l'espérance chrétienne est liée à un sens de l'histoire qui progresse sur la ligne du temps, continue et non cyclique, où quelque chose se construit aussi bien pour chacun que pour l'humanité. Le salut se fait donc passé, présent et avenir. Le passé est donné dans le gage irréversible de l'envoi de Jésus, mort sous Ponce Pilate et ressuscité ; le présent dans les arrhes de l'Esprit qui nous font vivre au jour le jour dans l'amitié divine ; l'avenir dans la promesse du retour du Christ à la fin des temps, de la résurrection des morts et de la « vie éternelle ». Notre salut reste un objet d'espérance, car « voir ce qu'on espère, ce n'est plus espérer » (Rm 8, 24). Les premiers chrétiens étaient fondamentalement tournés vers cet avenir dans l'attente et l'espérance : « Marana tha : viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20). Nous les revivons chaque année dans le mystère de l'Avent.
La promesse est le propre de l'espérance juive, fondamentalement messianique et tout entière tournée vers l'avenir. C'est avec Abraham que commence la longue histoire de l'espérance dans la Bible. Abraham a cru à la promesse qui lui était faite : « Espérant contre toute espérance, il crut » (Rm 4, 18), et les croyants de l'Ancien Testament sont ceux « qui par avance ont espéré dans le Christ » (Ep 1, 12). Dans les Psaumes, l'espérance est la confiance en celui en qui on peut espérer : « Espère dans le Seigneur, prends cœur et prends courage, espère dans le Seigneur » (27, 13-14). L'Ancien Testament révèle que nous avons bien quelqu'un en qui espérer.
L'espérance chrétienne est fondée sur un premier accomplissement de la promesse, sur l'événement pascal de Jésus Christ et le don de l'Esprit à la Pentecôte (Ac 2, 33-39). Aussi l'Épître aux Hébreux présente-t-elle la venue de Jésus comme « l'introduction d'une espérance meilleure » (7, 19). Paul avait déjà dit : « Notre salut est objet d'espérance » (Rm 8, 24). Le mystère chrétien reste donc également tourné vers l'avenir, ce qu'une présentation classique avait trop mis en veilleuse. Le mouvement biblique contemporain et la théologie ont au contraire remis en honneur cette dimension « eschatologique », c'est-à-dire définitive et finale du salut, et placé l'espérance au cœur de leurs exposés, tel le théologien réformé allemand Jùrgen Moltmann avec sa Théologie de l'espérance.
À la lumière de la révélation, nous sortons donc de l'ambiguïté des espoirs humains et nous pouvons dire en toute certitude : « L'espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été répandu en nos cœurs » (Rm 5, 5). L'espérance est eschatologique : elle transcende les limites de notre existence terrestre. « Si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espérance dans le Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Co 15, 19). Car le dernier objet de notre espérance, c'est de voir Dieu tel qu'il est afin de vivre de lui (1 Jn 3, 2).