Une histoire biblique
Pape François
Dans cette parabole, le propriétaire confie la vigne qu’il a plantée à des vignerons auxquels et puis il s’en va. La loyauté de ces vignerons est mise à l’épreuve : la vigne leur est confiée, ils doivent la garder, la faire fructifier et remettre la récolte au propriétaire.
Une fois arrivé le temps de la vendange, le propriétaire envoie ses serviteurs recueillir les fruits. Mais les vignerons adoptent une attitude possessive : ils ne se considèrent pas comme de simples gérants, mais comme des propriétaires et ils refusent de remettre la récolte. Ils maltraitent els serviteurs au point de les tuer. Le propriétaire se démontre patient avec eux : il envoie d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, mais le résultat est le même. A la fin, avec patience, il décide d’envoyer son propre fils, mais ces vignerons, prisonniers de leur comportement possessif, tuent aussi le fils, en pensant qu’ainsi ils auraient eu l’héritage.
Ce récit illustre de façon allégorique ces reproches que les prophètes avaient faits à propos de l’histoire d’Israël. C’est une histoire qui nous appartient : on y parle de l’alliance que Dieu a voulu établir avec l’humanité et à laquelle il nous a appelés nous aussi à participer. Mais, cette histoire d’alliance, comme toute histoire d’amour connaît ses moments positifs, mais elle est marquée par des trahisons et des refus.
Pour faire comprendre comment Dieu répond aux refus opposés à son amour et à sa proposition d’alliance, le passage évangélique place sur les lèvres du propriétaire de la vigne une question : « Donc, quand viendra le propriétaire de la vigne, que fera-t-il aux paysans ? » (v. 40). Cette question souligne que la déception de Dieu face au comportement mauvais des hommes n’est pas le dernier mot !
Voilà la grande nouveauté du christianisme : un Dieu qui, même déçu par nos erreurs et par nos péchés, ne manque pas de parole, ne se ferme pas, et surtout ne se venge pas !
Frères et sœurs, Dieu ne se venge pas ! Dieu aime, il ne se venge pas, il nous attend pour nous pardonner, nous embrasser.
Par les « pierres rejetées » – c’est le Christ la première pierre que les constructeurs ont rejeté -, par les situations de faiblesse et de péché, Dieu continue à mettre en circulation « le vin nouveau » de sa vigne, c’est-à-dire la miséricorde. Voilà le vin nouveau de la vigne du Seigneur : la miséricorde.
Il n’y a qu’un obstacle face à la volonté tenace et tendre de Dieu : notre arrogance et notre présomption, qui devient parfois aussi de la violence ! Face à ces attitudes et là où l’on ne porte pas de fruit, la Parole de Dieu conserve toute sa force de reproche et d’avertissement : « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé et il sera donné à un peuple qui en produise des fruits » (v. 43).
L’urgence de répondre avec des fruits de bien à l’appel du Seigneur qui nous appelle à devenir sa vigne, nous aide à comprendre ce qu’il y a de nouveau et d’original dans le christianisme.
Il n’est pas tant une somme de préceptes et de normes morales, mais il est avant tout une proposition d’amour que Dieu, par Jésus, a faite et continue de faire à l’humanité. C’est une invitation à entrer dans cette histoire d’amour, en devenant une vigne vivace et ouverte, riche en fruits et en espérance pour tous.
Une vigne fermée peut devenir sauvage et produire des raisins sauvages.
Nous sommes appelés à sortir de la vigne pour nous mettre au service de nos frères qui ne sont pas avec nous, pour nous secouer mutuellement et nous encourager, pour nous rappeler que nous devons être la vigne du Seigneur dans tous les milieux, même les plus lointains et les plus défavorisés.