Rahamin et Hesed
Walter Kasper, La Miséricorde. p 50-51
Il est significatif que, pour parler de compassion ou de miséricorde, l’Ancien Testament utilise le terme « rahamim », dérivé du mot « rehem » qui désigne le sein maternel. Il peut même parfois désigner les entrailles, qui étaient considérées comme le siège des sentiments. Dans le Nouveau Testament, les entrailles représentent également la miséricorde qui vient du cœur. On trouve aussi le mot « oiktirmos » qui exprime l’émotion, la douleur, la compassion et la bienveillance. Enfin, le mot « eleos » a une grande importance. Il désignait à l’origine l’affect, l’émotion, mais par la suite il a souvent été utilisé pour traduire le mot hébreu « hesed » ou plus précisément « hen », mot qui lui sert à désigner la miséricorde.
« Hesed » signifie à la fois « faveur imméritée, amabilité, bienveillance », et « grâce de Dieu et miséricorde ». Il ne désigne donc pas une simple émotion – la douleur devant la misère humaine – mais plutôt la sollicitude tout à fait gratuite de Dieu envers l’homme. Il sert à exprimer une relation qui se développe dans le temps et ne s’établit pas seulement sur des actions ponctuelles. Appliqué à Dieu, le mot désigne un cadeau de sa Grâce, inattendu, immérité, indépendant de la fidélité de l’homme, dépassant tous ses espoirs et faisant voler en éclat toutes ses catégories. Car le fait que ce Dieu saint et tout-puissant se pense sur les détresses des hommes dont ils sont souvent seuls responsables, qu’Il voie la misère du pauvre et du malheureux, qu’Il entende sa plainte, qu’Il s’abaisse et descende jusqu’à lui pour le rejoindre dans sa détresse, qu’Il s’en occupe inlassablement malgré son infidélité et lui pardonne – bien quil ait mérité une juste punition – et qu’Il lui donne une nouvelle chance, tout cela dépasse l’entendement humain. Le message de la « hesed » divine lève un peu le voile sur ce secret de Dieu qui, généralement, reste un mystère pour la pensée humaine, mais que nous pouvons approcher par la Révélation.