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HISTOIRE DE LA RÉSERVE EUCHARISTIQUE

 

La pratique de la réserve eucharistique dans des tabernacles est une nouveauté du second millénaire. Dans les premiers temps de l’Église, quelques hosties étaient gardées dans un linge afin de permettre aux malades et aux personnes enfermées de recevoir la communion régulièrement. Mais on ne trouve pas à ces époques de réserve eucharistique dans l’église, ni de dévotion collective envers le Saint-Sacrement. C’est l’Autel qui était le centre de la dévotion dans les églises. Souvent couronné d’un baldaquin, entouré de rideaux et garnis de lampes brûlant constamment, il est le signe de la présence du Christ.

 

À partir du X°, la façon la plus fréquente dans l’occident Chrétien de conserver l’Eucharistie est le tabernacle suspendu au-dessus de l’Autel, en forme de tour ou de colombe pour les plus élaborés, et surmonté d’une couronne et d’un dais.

 

Une innovation allemande apparait à partir du XIVe siècle, les Sakramentshaus, ou maison du Saint Sacrement, se tenant dans le chœur côté épitre. Ces « maisons » étaient richement ornées, et en rompant avec la réserve suspendue préfigurent le tabernacle moderne posé sur l’Autel.

 

Après le concile de Trente et sous l’influence de Saint Charles Borromée, une pratique déjà connue s’imposa, la réserve du Saint Sacrement dans un tabernacle-armoire posé sur l’Autel. C’était une affirmation de la foi de l’Église en la transsubstantiation en ces temps de Réforme, mais cela fit perdre son caractère distinct à l’Autel « trône de gloire », avalé par les gradins servant à supporter des cierges en grands nombre, autre nouveauté du concile de Trente.

 

Le Concile Vatican II a retrouvé la place centrale de l’Autel. La réserve eucharistique est alors déplacée : « En fonction des données architecturales de l’église et conformément aux coutumes locales légitimes, le Saint-Sacrement doit être conservé dans un tabernacle placé dans une partie de l’église particulièrement noble, insigne, bien visible et bien décorée», et aussi dans un endroit tranquille « adapté à la prière », comportant un espace devant le tabernacle, où il est possible de disposer un certain nombre de bancs ou de chaises, avec des agenouilloirs. »

 

Dans l’église St Rémi, la question de la place de la réserve s’est donc posée.

Si nous la mettions loin de l’Autel, elle pouvait être très « à l’écart » et peut-être « mise à l’écart » !

Si nous la mettions sur l’ancien autel, sous le retable, le célébrant lui tournerait le dos.

Le retour du tabernacle suspendu nous est apparu comme aussi un moyen de résoudre ce problème. Il est au-dessus de l’Autel mais indépendant. Il garde sa centralité sans mettre à mal l’acte liturgique de la messe.

 

Petit clin d’œil à la Légende dorée qui parle de la colombe qui se trouve sur la statue de la chapelle St Rémi : Le roi de France Clovis était alors païen, et sa pieuse femme ne parvenait pas à le convertir. Mais un jour, se voyant menacé par l'immense armée des Allemands, il fit vœu au Dieu qu'adorait sa femme de se convertir à lui, s'il lui accordait la victoire sur ses ennemis. Et Dieu lui accorda la victoire, de sorte qu'il se rendit auprès de saint Rémy et demanda à être baptisé. Mais, en arrivant aux fonds baptismaux, l'évêque et le roi s'aperçurent que le saint chrême manquait ; et voici qu'une colombe, fondant les airs, apporta dans son bec une ampoule pleine de saint chrême, dont le prélat oignit le roi.

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