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6 : Pas d'Espérance sans Amour

I Corinthiens 13, 4 – 8 : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.

L’amour ne passera jamais. »

Spe Salvi

26. Ce n'est pas la science qui rachète l'homme. L'homme est racheté par l'amour. Cela vaut déjà dans le domaine purement humain. Lorsque quelqu'un, dans sa vie, fait l'expérience d'un grand amour, il s'agit d'un moment de « rédemption » qui donne un sens nouveau à sa vie. Mais, très rapidement, il se rendra compte que l'amour qui lui a été donné ne résout pas, par lui seul, le problème de sa vie. Il s'agit d'un amour qui demeure fragile. Il peut être détruit par la mort.

L'être humain a besoin de l'amour inconditionnel. Il a besoin de la certitude qui lui fait dire : « Ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ » (Rm 8, 38-39). Si cet amour absolu existe, avec une certitude absolue, alors – et seulement alors – l'homme est « racheté », quel que soit ce qui lui arrive dans un cas particulier. C'est ce que l'on entend lorsqu'on dit : Jésus Christ nous a « rachetés ». Par lui nous sommes devenus certains de Dieu – d'un Dieu qui ne constitue pas une lointaine « cause première » du monde – parce que son Fils unique s'est fait homme et de lui chacun peut dire : « Ma vie aujourd'hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi » (Ga 2, 20).

 

28. Mais maintenant se pose la question : de cette façon ne sommes-nous pas retombés de nouveau dans l'individualisme du salut, dans l'espérance pour moi seulement pour moi, qui n’est justement pas une véritable espérance, parce qu’elle oublie et néglige les autres ? Non.

La relation avec Dieu s'établit par la communion avec Jésus – seuls et avec nos seules possibilités nous n'y arrivons pas.

La relation avec Jésus, toutefois, est une relation avec Celui qui s'est donné lui-même en rançon pour nous tous (cf. 1 Tm 2, 6). Le fait d'être en communion avec Jésus Christ nous implique dans son être « pour tous », il en fait notre façon d'être. Il nous engage pour les autres, mais c'est seulement dans la communion avec Lui qu'il nous devient possible d'être vraiment pour les autres, pour l'ensemble.

Je voudrais, dans ce contexte, citer le grand docteur grec de l'Église, saint Maxime le Confesseur (mort en 662), qui tout d'abord exhorte à ne rien placer avant la connaissance et l'amour de Dieu, mais qui ensuite arrive aussitôt à des applications très pratiques : « Qui aime Dieu aime aussi son prochain sans réserve. Bien incapable de garder ses richesses, il les dispense comme Dieu, fournissant à chacun ce dont il a besoin ». De l'amour envers Dieu découle la participation à la justice et à la bonté de Dieu envers autrui ; aimer Dieu demande la liberté intérieure face à toute possession et à toutes les choses matérielles : l'amour de Dieu se révèle dans la responsabilité envers autrui.

Nous pouvons observer de façon frappante la même relation entre amour de Dieu et responsabilité envers les hommes dans la vie de saint Augustin…

29. Une fois, il décrivit ainsi son quotidien : « Corriger les indisciplinés, conforter les pusillanimes, soutenir les faibles, réfuter les opposants, se garder des mauvais, instruire les ignorants, stimuler les négligents, freiner les querelleurs, modérer les ambitieux, encourager les découragés, pacifier les adversaires, aider les personnes dans le besoin, libérer les opprimés, montrer son approbation aux bons, tolérer les mauvais et [hélas] aimer tout le monde ».

 

31. Dieu est le fondement de l'espérance – non pas n'importe quel dieu, mais le Dieu qui possède un visage humain et qui nous a aimés jusqu'au bout – chacun individuellement et l'humanité tout entière. Son règne n'est pas un au-delà imaginaire, placé dans un avenir qui ne se réalise jamais ; son règne est présent là où il est aimé et où son amour nous atteint. Seul son amour nous donne la possibilité de persévérer avec sobriété jour après jour, sans perdre l'élan de l'espérance, dans un monde qui, par nature, est imparfait. Et, en même temps, son amour est pour nous la garantie qu'existe ce que nous pressentons vaguement et que, cependant, nous attendons au plus profond de nous-mêmes : la vie qui est « vraiment » vie.

MOSAÏQUE

Tant que le cœur de l’homme sera sensible à la vie de ses contemporains, l’espérance tiendra bon !

 

2° MOSAÏQUE – LE BON SAMARITAIN

Alors que Jésus demande à ses disciples d’aimer leur prochain, un homme lui demande : « Mais qui est mon prochain ? »

Jésus lui répond par une parabole : Par compassion, un homme se rend proche d'un inconnu blessé.

L'amour mutuel est la source de l'Espérance en l'humanité.

Vous pouvez lire le texte sur le pilier et écouter en cliquant ICI.

François Esperet, prêtre orthodoxe

Jésus, interrogé par les pharisiens après l’avoir été par les sadducéens, met en lumière le rapport, ou la médiation, qui existe entre Dieu d’une part et l’homme d’autre part. La question qui lui est posée est particulièrement simple et univoque : Nos imperfections, matière à sainteté « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »

 

D’une façon surprenante, il répond à côté en mentionnant non pas un, mais deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

 

Deux dimensions inséparables

Il ne dit pas que le plus grand commandement est le premier, et que le second lui est subordonné. Il ne dit pas non plus que les deux se situent strictement sur le même plan, puisqu’il commence par le premier, avant de dire que le second lui est semblable. Il ne dit pas, enfin, qu’il n’y a pas un mais deux commandements. Ce qu’il rend explicite, c’est la solidarité entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, qui apparaissent comme les deux faces, ou encore l’intérieur et l’extérieur d’un seul et même commandement.

 

L’amour de Dieu ne peut pas être rendu autonome de l’amour du prochain à travers lequel il s’actualise et se réalise. Et réciproquement, l’amour du prochain prend sa source dans l’amour de Dieu qui lui donne sa consistance et sa valeur absolue. Tout se passe comme si le plus grand des commandements était à la fois l’amour de Dieu et l’amour du prochain – tout dépendant du niveau auquel on se place. [...]

 

À la source, l’amour divin

L’amour humain est commensurable à l’amour divin qu’il vient refléter ici-bas pour mettre en lumière, chez le prochain, l’image et la ressemblance divine. Que celui qui aime et celui qui est aimé puissent, dans cet échange, manifester mystérieusement cet amour divin qui est la source de la Loi et des Prophètes, du monde présent et du monde à venir. Voilà qui est à la fois tout à fait extraordinaire et tout à fait conforme à la sagesse dont le docteur de la Loi se revendique.

 

Veillons alors à appréhender toute vérité dans ses deux dimensions divine et humaine, à la fois infiniment distantes l’une de l’autre et infiniment intimes l’une à l’autre – ces deux dimensions étant intégrées ici-bas par tous les saints dont nous nous apprêtons à célébrer la mémoire.

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