Vierge Marie
Les chrétiens célèbrent la Vierge Marie (image de l’Eglise) comme la « fiancée parée pour son époux. » En elle, Dieu a épousé l’humanité. Pour cela, nous désirons, dans cette église-de-la-vigne, la mettre en lien avec le livre biblique du Cantique des Cantiques.
Il m’a menée vers la maison du vin : l’enseigne au-dessus de moi est « Amour ».
Le Cantique des Cantiques chante l’histoire d’amour du Bien-aimé et de sa fiancée.
Dans une vigne florissante, ils s’appellent, se cherchent, se trouvent et s’unissent. Leurs corps ont le goût délicieux des grappes de raisins et leurs baisers, un parfum de vin épicé.
« Dieu est Amour. » Il vient à notre rencontre et nous fait entrer dans sa demeure. « Buvons et enivrons-nous d’amour ! »
Quelques extraits...
L’épouse
Qu’il me baise des baisers de sa bouche !
Oui, bonheur, tes amours, plus que le vin !
Quelle odeur, tes parfums de bonheur !
Ton nom, un parfum qui s’épanche !
Voilà pourquoi les jeunes filles t’aiment !
Entraîne-moi ! Après toi nous courrons !
Le roi m’a fait entrer dans sa chambre...
Nous exulterons et nous nous réjouirons en toi
nous ferons mémoire de tes amours
plus que du vin !
C’est sans détours qu’elles t’aiment !
Mon bien-aimé est une grappe de raisin de Chypre,
dans la vigne d'En-Gaddi
L’épouse
Comme un pommier entre les arbres de la forêt
ainsi mon bien-aimé parmi les garçons !
A son ombre désirée je me suis assise
et son fruit est doux à mon palais.
Il m’a fait entrer dans la maison du vin
et son étendard sur moi :
Amour !
Soutenez-moi avec des gâteaux,
ranimez-moi avec des pommes !
Oui, je suis malade d’amour !
Sa gauche sous ma tête,
sa droite m’enlace...
L’époux
Tu as ravi mon cœur
petite sœur épouse
tu as ravi mon cœur
par un seul de tes regards
par un seul anneau de tes colliers !
Qu’ils sont beaux tes amours
petite sœur épouse
quel bonheur, tes amours
plus que le vin
et l’odeur de tes parfums
plus que tous les baumes !
L’épouse
Mon bien-aimé
qu’il vienne dans son jardin
et qu’il en mange les fruits exquis !
L’époux
Je viens dans mon jardin
petite sœur épouse
je recueille ma myrrhe avec mon baume
je mange mon rayon avec mon miel
je bois mon vin avec mon lait !
Un second chœur
Mangez, amis
buvez
et enivrez-vous
d’amour !
L’époux
Ah! Comme vous contemplez la Shoulamite
la Pacifiée
telle une danse à deux camps !
Qu’ils sont beaux tes pas dans tes sandales
fille de prince
les courbes de tes hanches comme des bijoux
œuvres de mains d’artiste !
Ton nombril... coupe ronde
où ne manque pas le vin épicé !
Ton ventre... monceau de blé bordé de lys !
Tes deux seins... comme deux faons,
jumeaux d’une gazelle !
Ton cou... comme une tour d’ivoire !
Tes yeux... les réservoirs d’eaux de Heshbôn
à la porte de Bat-Rabbim !
Ton nez... comme la tour du Liban
guettant face à Damas !
Ta tête sur toi... comme le Karmel
et les cheveux de ta tête comme la pourpre :
un roi enchaîné dans les tresses !
Que tu es belle !
Et que tu es charmante !
Amour
dans les délices !
Quelle silhouette que la tienne
semblable à un palmier
et tes seins
à des grappes !
J’ai dit :
« Je monterai au palmier
j’en saisirai les palmes ! »
Que tes seins soient donc comme les grappes de
vigne
et l’odeur de ton nez comme les pommes !
Et ton palais, comme le vin du bonheur...
L’épouse
...qui va tout droit à mon bien-aimé
et coule sur les lèvres des dormeurs !
Je suis à mon bien-aimé
et sur moi son désir...
Va, mon bien-aimé !
Nous sortirons dans la campagne
nous nuiterons dans les villages
nous nous lèverons de bon matin pour les
vignobles
nous verrons si bourgeonnent les vignes
si s’ouvrent leurs fleurs
si fleurissent les grenadiers :
là je te donnerai mes amours...
Les mandragores ont donné leur odeur
et à nos portes toutes succulences
nouvelles et anciennes aussi
mon bien-aimé
je les garde
pour toi !
Qui te donnera à moi pour frère
nourri aux seins de ma mère ?
Je te trouverais dehors, je t’embrasserais
et ainsi personne ne me mépriserait !
Je te conduirais
je te ferais venir à la maison de ma mère :
tu m’enseignerais...
je te ferais boire du vin épicé
du jus de ma grenade.
Sa gauche sous ma tête
sa droite m’enlace...
L’époux
Une vigne appartenait à Salomon
à Baal-Hamon.
Il donna la vigne à ses gardiens
chacun apportait pour son fruit mille pièces d’argent.
Ma vigne à moi est devant moi !
Les mille pour toi Salomon
et deux cents aux gardiens de son fruit !
Habitante des jardins
des compagnons prêtent l’oreille à ta voix !
Fais-moi entendre...
L’épouse
Fuis
mon bien-aimé
et ressemble pour toi
à une gazelle ou au faon des biches
sur les montagnes des baumiers !
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Ce chant d’amour qui se trouve au cœur de la Bible depuis plus de 2000 ans n’a rien perdu de sa fraîcheur. Les Pères de l’Église comme les rabbis juifs qui les ont précédés ont toujours vu dans ce chant d’amour humain un reflet de l’amour brûlant de Dieu pour l’humanité. Perspective classique dans la pensée judéo-chrétienne qui compare toujours Dieu à l’Époux et l’humanité à l’épouse, aimée malgré toutes ses infidélités (cf Isaïe, Jérémie, Osée ...).
Le chant de l’Eglise-Epouse ivre de bonheur dans la nuit de Pâques car elle a retrouvé celui que son cœur aime nous renvoie à ce beau chant d’amour qui est aussi sans doute l’un des plus évocateurs sur la vigne, le vin et l’amour. La bien-aimée est plusieurs fois comparée à une vigne, l’intimité du bien-aimé à la maison du vin et dans lequel l’ivresse de l’amour ne trouve pas de meilleure image que celle du vin.
La tradition chrétienne a médité ce texte en regardant la Vierge Marie dans la personne de la Bien-aimée.
Pour approfondir avec Françoise Breynaert : Lecture chrétienne et mariale du Cantique
Le Bien-aimé est contemplé comme le Christ désirant des « épousailles » avec l’humanité. Il est la Vigne dans l’Évangile de Jean. Nous avons à lui ressembler.
Pour approfondir avec St Grégoire de Nysse : Devenir pareil à l’Époux